Bonjour,
Je continue la réutilisation du sac de ma tante que j'ai complètement démonté. Vous en avez déjà vu un morceau ici et un petit peu là.
Attention article long, et avalanche de photos... N'hésitez pas à cliquer pour les agrandir.
Quand j'ai fait du rangement chez moi, je me suis demandé quelles chutes j'allais conserver de ce sac, où les stocker et comment les utiliser. Je me suis alors rendue compte que le fond du sac était encore en très bon état, et qu'il était déjà bien doublé et renforcé d'usine. J'ai donc décidé de partir de là pour recréer un nouveau sac autour essentiellement à partir du stock. J'ai quand même du aller faire un tour en magasin, parce que mon coupon de simili noir était réduit à peau de chagrin, impossible à utiliser pour le projet que j'avais en tête.
J'avais une liste très précise, et figurez-vous que j'ai très très très peu dévié =D J'ai trouvé un simili bronze qui s'accordait bien avec le taupe du sac initial, et donc plutôt que de partir sur un combo taupe de récup / noir, plutôt "soft", j'ai opté pour un combo plus osé taupe / bronze. J'ai quand même associé du passepoil noir (du stock !) qui me semblait bien faire ressortir le bronze par rapport au "reste".
Parlons-en de ce "reste" : j'ai décidé de refaire un patchwork avec les anciens masques en tissu que j'avais cousu en 2020, mais contrairement à la première fois, j'ai choisi de les couper en morceaux plus petits et de ne conserver grands que les coupons avec un motif particulier. J'ai monté des bandes verticales, sur lesquelles j'ai bien aplati les coutures, puis j'ai cousu les bandes ensemble et j'ai à nouveau ouvert les coutures. J'ai ensuite cousu ce patchwork en le surpiquant sur une toile avec des oiseaux dont je ne savait pas trop quoi faire. J'ai procédé à partir de la couture principale du milieu puis je suis partie progressivement vers les côtés en aplatissant bien et en faisant attention à rester bien droite. J'ai choisi de placer mes petits coupons en décalés, cela a deux gros avantages : si on est décalés d'un millimètre, cela ne se voit pas, et c'est d'autant plus facile de ne pas avoir toutes les épaisseurs de marges de couture réunies en un gros "noeud" à chaque coin. Et puis visuellement je préfère aussi.
Et pour le patron alors ? J'ai choisi de suivre et d'adapter à mon usage le tuto de Bablabricoleuse et de son sac à dos "Le baroudeur". J'ai adoré la version qu'elle a faite avec le fond "mapmonde" qu'elle a enduit avec de l'Odicoat. Non seulement le style me plaisait beaucoup, mais en plus cela faisait un moment que je souhaitais tester d'enduire un tissu pour le rendre imperméable. Et si vous aimez le style de Bablabricoleuse, elle a aussi une boutique où elle vend ses superbes créations. Au cours de mes errances sur ce projet, j'ai plusieurs fois cherché des images de sacs qui pourraient m'inspirer et j'ai été surprise de ne trouver qu'un seul modèle sur le même principe : les bretelles sont aussi la fermeture qui passe par les oeillets.
Comme c'était ma première fois avec de l'Odicoat, j'ai préféré faire un test d'abord. J'ai utilisé les chutes du sac final, exactement les mêmes tissus donc, et je les ai monté de la même manière : couture des coupons entre eux endroit contre endroit, repassage, piquage sur ma toile de "fond" le long des coutures, puis enduit. Ca a très bien fonctionné. J'avais regardé la vidéo de Couture Enfant & Tricot, et celle du fabricant, Odif, que je vous conseille toutes les deux. Je n'aurai qu'un petit retour d'expérience à ajouter : si vous avez des tissus clairs, veillez à bien avoir scotché votre ouvrage avant de commencer, il ne doit pas y avoir de peluches sinon elles seront prises dans le "vernis" (blanc). Si vous le remarquez tout de suite, vous pouvez les enlever, mais sinon, elles seront collées. Quand on met le produit, comme il est "mouillé", il peut détendre un peu les tissus fins (gris foncé), et cela peut vous créer des faux plis, il faut les enlever avant que la colle ne sèche. Les tissus légers qui ont un tissage plus aéré (coton fin jaune) "boivent" plus de produit, il en faut plus pour assurer une bonne imperméabilité que sur les popelines où le produit reste plus facilement en surface puisque le tissage est plus serré (bleu). Sur les conseils de ma mercière, j'ai mis 3 couches.
Il faut bien attendre les 24h qui sont indiquées sur le pot avant de travailler le morceau enduit, parce qu'avant le produit n'est pas sec, il est encore poisseux. J'ai mis 2 couches avec un repassage après chacune. J'ai appliqué le produit avec une petite carte que j'avais avec l'écran de protection de mon téléphone. J'ai essayé avec une carte format carte de crédit, mais comme elle est grande, je n'arrivais pas bien à la planter dans le pot et à sortir du produit. J'ai utilisé une source de lumière rasante pour bien voir les endroits faits (ça brille, c'est mouillé) et non faits. J'avais préalablement ouvert 2 pochettes plastique que j'ai scotché sur ma table pour avoir une zone safe sur laquelle la colle pourrait déborder sans risque.
Pour info, en cherchant des retours d'expérience, j'ai découvert grâce à cet article qu'il y a d'autres marques qui font le même type de produit, par exemple Cléopâtre.
J'ai créé un rabat à la découpe arrondie pour que le sac soit imperméable par le dessus. A quoi bon le tissu enduit si l'eau entre par le haut qui n'est pas entièrement fermé ? J'y ai mis un rappel des coupon en coupant dans les chutes restantes. Et j'ai souligné en intercalant un morceau de simili noir entre la bande de coupons et le fond bronze. C'est l'une des premières pièces que j'ai cousu pour ce sac. Cela m'a un peu servi de test car j'ai reçu pour mon anniversaire un pied à double entrainement et, ainsi qu'on me l'avait conseillé (merci beaucoup !!! <3 <3) c'est vraiment magique. Les multi-épaisseurs restent délicates mais tellement tellement tellement moins.
Bon, à part le placement des coupons (et de façon purement esthétique), il y a une chose pour laquelle j'ai vraiment galéré : je voulais réutiliser la lanière d'origine du sac qui fait 18mm de large. Il me fallait donc au minimum des oeillets de 19mm. J'ai passé toute une soirée à chercher avant de enfin trouver le lendemain matin. La recherche était difficile, parce que je ne souhaitais pas acheter 100 oeillets dont je n'aurai su que faire ensuite, pour lesquels il m'aurait fallu un outil de pose à presque 50 euros et qui en plus venait de l'autre bout du monde... Ces oeillets que j'ai trouvé chez Déco Cuir sont vraiment top car ils sont vendus en petite quantité (par 5), viennent de France, et sont fait de deux rondelles et de deux griffes qu'il suffit de recourber pour faire tenir les deux parties ensemble. Il n'y a donc pas besoin d'outil spécifique et pas besoin d'attendre 1 mois la réception ^^' Ce qui est un peu dommage c'est que contrairement aux oeillets qu'on sertit, ceux là on un bord à nu sur l'intérieur, et ma lanière est donc déjà abîmée au bout d'à peine 2 jours. Peut-être qu'un coup de lime pourrait arranger les choses, il faudra que j'essaie.
Et sinon que dire d'autre ? Ah ben oui, bien sûr. Encore un autre test sur ce projet : en passant chez Mondial, j'ai aussi pris de l'entoilage. Il me restait un morceau de mousse sur résille, j'ai pris aussi du Décovil et du Décovil Light. Bien que je couds des sacs depuis une dizaine d'années, je n'avais pas encore testé cet entoilage-là. J'ai utilisé le décovil, qui est le plus épais et le plus rigide pour le dos et la bande du bas, et j'ai utilisé sa version light pour le rabat et la bande à oeillets du haut. J'ai choisi de ne pas entoiler la partie patchwork, parce que je voulais conserver une certaine souplesse pour le remplissage et la fermeture en accordéon. En plus, j'ai aussi utilisé une toile d'ameublement pour la doublure intérieure, donc il y avait déjà assez de couches. J'ai entoilé cette doublure avec du H180 pour contrer son effilochement. Pour le dos du sac, j'ai aussi mis une couche de mousse sur résille. Dans les deux entoilages du dos (décovil et mousse) j'ai coupé des fenêtres correspondant à mes poches zippées : pour le décovil, la fenêtre fait pile la taille de l'ouverture ; pour la mousse, que j'ai placée après avoir cousu mes poches, la fenêtre est plus grande de plusieurs millimètres pour s'enfiler pile poil autour de ce que j'avais déjà cousu. Comme c'est de la mousse non thermocollante (ça existe aussi), j'ai fait une piqûre de maintien à 5mm du bord (marge couture 1cm) et recoupé les surplus. Avec ce montage, j'ai un dos rigidifié, mais un peu moelleux, et les choses que je mets dans les poches ne sont pas contre mon dos qui est protégé par la couche de mousse. Pour que la mousse ne flotte pas trop au milieu de la pièce, j'ai cousu à grand points à la main le haut des poches à la mousse.
Comme j'ai utilisé un fond de récup, qui était donc déjà perçé de trous d'aiguille, je l'ai monté à la main avec du fil résistant. Figurez-vous que j'avais même la bonne couleur en stock, du 724 en épaisseur normale, et en super résistant et qu'il convenait parfaitement avec le simili taupe de récup et le simili bronze. J'ai utilisé une double aiguillée et cousu avec les deux mains, l'une dans le sac, l'autre dehors. C'est un très bon exercice pour qui veut améliorer son ambidextrie, d'autant plus quand les yeux ne peuvent suivre que la moitié de l'opération =D j'ai quand même mis 4 heures pour faire ça, certes sans me presser, car je voulais que ce soit bien fait, mais sans vraiment faire de pause non plus.
Bon j'en ai pas fini dans les complications : Quand j'ai commencé à assembler les différentes parties du sac, rabat + corps + doublure, je me suis rendue compte que le système de fermeture que j'avais choisi n'irait pas : je voulais copier ce style, mais ma languette était trop rigide comparée au corps du sac, et c'était beaucoup trop difficile à ouvrir. J'ai fait plusieurs tests sur des chutes fort tard le soir, pour essayer d'agrandir le trou, le transformer en boutonnière + bouton de jean, mais ça ne me convenait pas. Il me fallait obligatoirement une fermeture au rabat, parce qu'une fois entoilé, il est bien rigide et sinon il restait "debout" ^^' J'avais acheté un petit fermoir attache-cartable, mais positionné simplement sur le bas du rabat, ça me semblait manquer de quelque chose. Du coup j'ai essayé avec l'attache au bout de la sangle raccourcie, et c'est ce qui m'a semblé le plus faisable. J'avoue que j'ai choisi la solution la plus facile, en laissant totalement tomber le critère "adaptable", mais quand ça fait déjà 15jours qu'on mange et dort sur un même projet, on a besoin d'en voir le bout. D'ailleurs j'en profite pour remercier toutes les personnes à qui j'ai posé la question et qui m'ont très gentiment proposé leurs solutions toutes super ingénieuse, notamment la pose de bande auto-agrippante ou l'usage d'une boucle à levier pour sangle, solutions auxquelles je n'avais pas du tout pensé. Merci encore :)
Il a encore fallu poser les oeillets, et plier le simili entoilé pour qu'il épouse bien la forme de la fermeture et puis essayer de le remplir avec toutes mes affaires ^^'
Et en fait... c'est à ce moment que je me suis rendue compte que j'allais avoir du mal à vivre avec seulement ce sac et dedans à la fois mes affaires de "sac à main" + mon repas quand je vais au boulot + toujours mon livre pour les transports + la bouteille d'eau + éventuellemet les emplettes du jour... Non seulement c'est très serré avec juste le minimum nécessaire, mais j'ai du mal à me dire que j'ai mon moyen de paiement dans le dos, alors que j'ai l'habitude d'avoir toutes mes affaires dans un sac en bandoulière, vraiment à portée de main.
Quand à l'intérieur, les poches que j'ai mises sur l'avant sont placées trop bas. Dans mon sac à main, j'avais pour habitude de les insérer dans la couture du bas, mais ici, avec la profondeur du sac + le fait que j'ai deux pinces sur 3cm qui élargissent le volume par rapport au fond qui est un peu étroit, ben, j'aurai largement pu monter de 2 ou 3cm. J'avais un peu peur qu'elles soient trop près du haut et que du coup j'ai du mal à resserrer pour fermer, mais finalement j'ai de la marge.
Donc j'ai cousu ce super sac, et je vais probablement l'utiliser, mais ce que je continue d'avoir en tête c'est un sac avec un compartiment détachable (ici aussi une autre idée), pour pouvoir d'un geste me délester du compartiment "repas" et ne conserver que la partie "affaires indispensables". Il y a aussi le sac convertible Eleanore de Limalou qui me fait de l'oeil... Ce n'est pas fini ! ^^'
--
Oh et j'ajoute juste que Sacôtin fête ses 10 ans et que jusqu'au 18 mai 2023 inclus, il on un sac seau, le Calypso, qui n'a même pas d'oeillets, ce sont des passants. Je n'avais pas du tout pensé à cette alternative. Oh tiens et sur le sac à dos Volte c'est le même simili bronze que j'ai utilisé. Je pense que je vais craquer sur Samba, la découpe en vague me fait de l'oeil. Parlant de Sacôtin je ne peux que vous recommander ses tutoriels super clairs et super pratiques, notamment les infos sur le scotch double face dont j'ai usé pour ce projet.
